Rue Du Comte De Flandre - Graaf Van Vlaanderenstraat 20
Sint-Jans-Molenbeek
Rue Du Comte De Flandre - Graaf Van Vlaanderenstraat 20
Sint-Jans-Molenbeek
Ma pratique du dessin se nourrit de l’omniprésence des images sur les réseaux sociaux. C’est sur ces diverses plateformes que je viens récolter des photos de personnes qui me sont inconnues et qui serviront de support à mes dessins. Ces images sont choisies parce qu’elles me procurent une certaine émotion, mais aussi parce qu’elles viennent composer une communauté imaginaire que je crée, image après image. Le corps est très présent dans mes dessins, souvent morcelé, parfois en close up. Il est témoin des enjeux de représentation de soi et de ce que l’on en laisse voir aux autres. Au-delà de la problématique du voyeurisme et de l’exhibitionnisme, il est question de l’appropriation d’un contenu, et de sa transformation. Ici le processus créatif vient sublimer une image somme toute très banale et la sortir d’un feed sans cesse alimenté de nouvelles images pour l’ériger au rang d'œuvre. On n’est pas loin de l’idée du fan art, seulement ici, impossible de reconnaître ces inconnu.es d’internet.
Mes dessins abordent des thématiques qui fluctuent et se répondent. Ils fonctionnent par eux-mêmes, mais aussi en tant qu’ensemble en permanente construction. L’héritage millennial de ma génération est très présent à travers les éléments de pop culture qui se cachent dans les dessins ou s’y affichent ouvertement. Reconnaissables, ces éléments viennent nous ramener à nos propres souvenirs, qui pourraient tout aussi bien être ceux représentés dans les dessins. On oscille toujours entre l’idée de la photo dossier embarrassante qu’on a peur de voir ressurgir et celle du selfie qui fera pleuvoir les likes.
C’est une célébration sans faste de l’ordinaire et d’une génération qui cherche à s’exprimer. La question des masculinités, également très présente, est travaillée sous un prisme homoérotique, effaçant ainsi de cet imaginaire recomposé toxicité et domination masculine à l‘oeuvre dans nos sociétés. C’est une manière pour moi de questionner mon identité à travers celle des autres et de leur laisser une certaine fluidité via la pratique du dessin et les représentations qui en résultent. J’alterne entre petits et grands formats, ce qui me permet de jouer avec la multiplication des images.
L’usage du feutre vient raviver par des couleurs souvent criardes un souvenir et des corps figés dans l’instant. C’est aussi l’outil de l’enfance, qui empêche l’art de devenir un sujet trop sérieux. L’humour est une teneur essentielle de mon travail. Les images créées sont ainsi colorées, drôles, sexy et malaisantes à la fois